Interview Bob :: Mai 2004



L’interview a lieu sur la terrasse d’un café du centre de Paris, par une belle après-midi de Mai 2004, un mois après la tournée de Watcha à l’île de la Réunion et Madagascar… Quatre titres du 4e album sont alors déjà prêts.

Alors histoire de commencer par le commencement, je voudrais que tu me parles de ton groupe …

On s’appelle Watcha, on s’est formés en 1995, mais le line-up actuel date de 1997. A la basse il y a Pendule, à la batterie Keuj, aux deux guitares Manu et Fred, et Butcho au chant. Voilà, on a plus de 400 concerts à notre actif, on a 3 albums, et on entame le 4e !

Quelles sont vos influences, hormis Meshuggah et Fishbone ?

Rythmiquement, Meshuggah est l'influence majeure. Sinon, "musicalement", Fishbone fait l'unanimité par son côté diversifié; et Korn parce qu'ils ont inventé un style. Sinon évidemment le bassiste va être plus "Prince", moi je suis plus influencé par tout ce qui est bien mélodique, bien à l'ancienne... Manu est plus jungle, drum n'bass, techno hardcore... Il y a plein de choses qui influencent Watcha! Mais unanimement : Fishbone et Korn.

Toi personnellement le déclic qui t'a fait un jour te dire "C'est décidé, je vais être chanteur, et ça va déchirer", c'était quoi?

En écoutant le premier Bon Jovi !!! (rires)
Là j’ai dit « c’est mortel, il y a de la mélodie, ça sent le soleil, c’est génial ! » Et c’est ça qui m’a donné envie de faire de la musique, carrément… Bon Jovi j’ai été fan jusqu’aux quatre premiers albums, archi-fan même ! Je suis venu les voir 3 ou 4 fois en concert, 1er rang et tout !

Comment se passe la composition des morceaux ?

En général, Manu arrive avec un riff, le propose ; nous on écoute, et on fait des arrangements ensemble. Moi je pose ma ligne de chant et j’écris mes paroles après. Maintenant, on a une nouvelle méthode, c’est… à peu près pareil ! Manu arrive, on pose le morceau, je fais ma ligne de chant, MAIS au lieu d’écrire un mois pour écrire mes textes j’écris le jour même. C’est la nouvelle tendance pour le 4e album !

Les textes ils te viennent comment ?

Je sais pas, c’est vachement difficile en fait, il y a tellement de thèmes… Tu peux parler d’amour sur 20 albums, il y a tellement de choses à dire… Moi sur les trois premiers j’étais très diversifié, je préférais raconter une histoire, la poser, et que chacun la prenne comme il veut ; tandis que le 4e il est beaucoup plus perso, donc là je raconte un petit peu ma vie, quoi ! (rires) C’est un côté un peu sentimental en fait ; enfin pas « sentimental », c’est assez sombre… des textes un peu plus d’amour, mais assez sombres…

Euh… Tu vires « Aqme », quoi !!!

Je sais pas… Euh .. . Je connais pas les textes d’Aqme… (rires)

Pour tes textes avec des personnages fictifs (comme Sam par exemple), comment te vient l’inspiration ? Tu te réveilles un matin en te disant « tiens je vais écrire l’histoire d’un type qui s’appelle Sam » ?!!

Pour la trilogie Sam (d’ailleurs je pense qu’il va y avoir un 4e Sam), ça vient du fait que je trouvais que ça sonnait bien le nom « Sam » ; je pensais pas que ça ferait une trilogie ! Ce n’était qu’un prétexte pour parler des gens qui ne se sentent pas bien dans leur peau, qui voudraient être quelqu’un d’autre… Ensuite, j’ai trouvé ça amusant de faire un deuxième morceau avec Sam, mais en prétextant quelque chose d’autre : le deuxième était sur le système, le troisième sur la folie… Et peut-être que dans le 4e ce sera une armée de clones prêts à envahir le monde, une armée de Sams, quoi !!! Comme dans Star Wars !

Ok… Parce qu’en fait je réfléchissais à propos de Sam, et je me demandais si c’était un pur hasard ou si c’était vraiment tout un concept, parce que rien que le nom de « Sam », qui veut dire « je suis » en serbe… Donc pour une chanson qui parle d’une crise d’identité, ça dépasse peut-être le stade de la coïncidence, non ? (Précision : Bob est d’origine serbe !)

Non , je n’ai pas cherché, ça sonnait mieux que « Jean-Pierre » quoi ! (il chante) « Jean-Pierre voulait être une star… » J’ai fait plein de prénoms ! Nicolas, ça marchait pas ; Alain, ça sonnait pas, quoi ! Il fallait UNE syllabe, même « Bob » ça le faisait pas ! En plus, pour te dire la vérité, il fallait que ça sonne comme en yaourt, et en yaourt c’était « Stars… »…
Mais ça t’es la première à le savoir, personne le sait, même pas les Watcha je pense !!!

Tu as toujours cru en l’avenir du groupe, même au tout début ?

J’y ai toujours cru. Depuis que j’ai l’âge de 18 ans, je savais ce que j’allais faire ; et quand j’ai formé mon groupe je savais que j’allais réussir à faire un truc. C’était évident, c’était comme 1+1=2 ! Pour moi c’était une évidence, et j’allais me donner tous les moyens pour réussir, tous…

« Réussir », pour toi, ça voulait dire quoi ?

Sortir des albums, faire des concerts partout, et que les gens connaissent Watcha… C’est tout ce qui m’intéresse.

D’un point de vue extérieur on pourrait dire que vous avez tout pour être heureux : vous êtes talentueux, reconnus…

… On est beaux …

Aussi ! Je l’avais marqué en plus au début… J’avais marqué « vous êtes des bombes », mais ça faisait pas très sérieux !!!

Oui, des « bombes sexuelles », tu veux dire !

Euh… Je sais pas, je peux pas trop juger !

Nan, t’as raison, c’est pas terrible…

Bref ! Qu’est-ce que tu en penses ?

« Tout » je sais pas… Le succès c’est tellement relatif… Un groupe de metal qui vend 20 000 exemplaires on peut pas dire que c’est vraiment un succès ! Enfin pour la France c’est pas mal, mais on ne peut pas dire non plus que ce soit une tuerie… On n’est pas des superstars ! Je me fais plus remarquer pour mes cheveux que parce que je suis le chanteur de Watcha !
Mais sinon, on est des bosseurs, donc notre entre guillemets « succès » relatif, on ne l’a pas usurpé ; on a vraiment travaillé pour en arriver là, on a galéré, et voilà…
« Beaux » je sais pas, c’est tellement relatif ! (rires) « des bombes », c’est tellement relatif ! Tu plais à certaines nanas, tu plais pas à d’autres, c’est comme ça ; et quelque part je m’en fous complètement…

Qu’est ce qu’il te manquerait pour dire que tu es le mec le plus heureux de la Terre ?

(il réfléchit) … Une reconnaissance mondiale ! Que les CD soient distribués partout, que tout le monde connaisse Watcha. Qu’on soit comme Metallica, aussi connus ! C’est mon rêve absolu, et je ferai tout pour que ce soit comme ça absolument tout… que ce soit dans Watcha ou dans un autre projet.

C’est comment le quotidien d’un Watcha ?

Quand on est en tournée on se lève, on va charger le matériel, on fait huit heures de camion, on va faire les balances, on va se faire chier après, puis on attend le concert. Ca c’est une journée-type de concert.
Sinon quand il y a pas de concert, c’est « journée-studio » : on arrive le matin au studio pour répéter, on va répéter pendant des heures et des heures, on va être contents ou pas du résultat ; on va rentrer chez nous et on va travailler. Et quand on est en studio d’enregistrement c’est du matin au soir enregistrement, enregistrement, enregistrement…
Sinon quand on a du repos, le soir on va boire des verres dans des bars sympas pour se détendre un petit peu ; il faut qu’on se détende, sinon on va péter les plombs à ne faire que ça ! J’aime bien évidemment, mais il faut que j’aie d’autres trucs, que je sorte un peu… mais j’ai un peu moins le temps qu’avant.

Ca doit être bizarre de te dire toute la journée « Faut que j’écrive des textes, faut que je trouve ma ligne de chant… »

Tu vois, là ils m’ont mis la pression, il manquait un texte pour finir ; ils m’ont stressé et j’ai pu l’écrire quand même ; tout à l’heure, ici… J’adore écrire soit dan s la rue, en marchant, soit dans les transports en commun, soit sur les terrasses… En fait quand il y a beaucoup de monde, je me sens seul…
Par contre, j’aime écrire aussi chez moi, dans le silence total ! Pas de musique, ni un seul bruit, sinon c’est impossible…

Comment se passent les relations entre les membres du groupe ?

C’est comme un couple, il y a des hauts et des bas, on s’embrouille parfois, parfois on s’aime bien, parfois on se déteste… Mais par contre on est ultra soudés quand il y a un concert ; sauf quand quelqu’un fait une crasse à quelqu’un d’autre, là il y a une mauvaise ambiance même sur scène ! Mais c’est rare, ça a dû arriver deux fois sur plus de 400 concerts… dont le dernier concert !

On ne vous connaît pas tellement comme un groupe engagé politiquement (à l’instar de SOAD par exemple), sauf peut-être toi vis-à-vis du gravage… Pourtant lorsqu’on voit un texte comme Dunk Barrow, on peut lire entre les lignes que tu n’as pas l’air complètement insensible à ce qui se passe autour…

Dunk Barrow c’est une tranche de vie de personnes qui sont dans le bad, des squatteurs, des mecs qui n’ont plus de travail depuis plusieurs mois et qu’on vire de leur appart ; c’est un peu social, c’est vrai… C’est vrai qu’on n’est pas insensibles à ça, mais en même temps on n’est pas des politiciens, on ne va pas sauver le monde non plus ! On ne fait que de la musique, on est juste là pour détendre l’atmosphère… Et puis je n’aimerais pas être politisé ; soit tu fais de la politique à fond, soit tu ne la fais pas. Quand tu fais une chanson, tu parles mais tu n’agis pas ; quand tu dis quelque chose de politique il faut agir en conséquence, donc je préfère ne rien dire de politique, raconter des histoires et faire ouvrir les yeux aux gens. C’est tout ce qui m’intéresse, que les gens ouvrent leurs yeux, qu’ils ne soient manipulés ni par moi ni par la presse, ni par qui que ce soit ; qu’ils aient leurs propres idées.

Je parlais tout à l’heure du gravage, dans quelle mesure ça vous handicape ?

C’est simple : graver ou télécharger un groupe français c’est le tuer à la longue, parce qu’un groupe français vend entre 2000 et maximum 35 000 exemplaires…
On va donner un exemple : imaginons que « Mutant » se vende à 20 000 exemplaires. Or, comme c’est une autoproduction on te donne des avances pour réaliser ton prochain album. Donc là, pour le 4e, la maison de disques va nous donner une avance en se donnant sur ce nombre de 20 000. Donc moins on va vendre, moins on pourra faire d’albums susceptibles de rivaliser avec les gens d’outre-Atlantique. Et plus on va vendre, plus on pourra avoir une production conséquente…et tout niquer, quoi ! Mais bon, c’est pas le cas…

Est-ce que, à l’instar de Sam, depuis que vous êtes célèbres vous avez « découvert le revers de la médaille » ?

Le revers de la médaille, c’est que les gens t’abordent mais tu ne sais pas si c’est pour toi… Enfin tu sais bien que ce n’est pas pour toi mais pour ce que tu représentes ! Sinon à part ça, il n’y a pas trop de revers de la médaille… Et que pour ceux qui ont des copines, qu’on ne les voit pas trop, et ça c’est un peu galère… Mais à part ça tout va bien ! Il y a moins de revers qu’on peut l’imaginer.

Quel effet ça vous fait de vous voir en couverture de magazines comme Rocksound, sachant que vous avez galéré pendant des années ?

C’est sympa, ouais ! Voir sa tronche sur les magazines, c’est sympa… C’est pas l’exploit non plus… C’est une sorte de reconnaissance de la part des médias, et c’est tout… Moi ça ne m’impressionne pas…

Mais quand tu vois des p’tits jeunes qui sont dans tous leurs états quand ils te voient, qui font « aaaaaaah ! Booob !!! » ?!!

Ecoute le dernier concert c’était un peu ça il y avait une nana qui nous tournait autour, qui a commencé à chialer d’émotion… Elle en pouvait plus ; c’était « Fan de » mais c’était marrant, c’était trop mignon ! Alors du coup sans qu’elle demande quoi que ce soit, j’ai été faire des caricatures de Watcha sur un poster, avec des dédicaces de tout le monde… Ca l’a vraiment touchée ; et moi aussi évidemment, ça m’a fait plaisir !
Mais c’est vrai qu’il y a des hystériques, des mecs qui se mettent à genoux devant moi style je suis un dieu ! Alors je leur dis « Hé je suis comme toi, j’me lève le matin, je vais me brosser les dents, je vais chier ! ». J’essaie un peu de dédramatiser, je suis comme tout le monde sauf que je fais de la musique. Et si je vois qu’il ne comprend pas, je fais pareil que lui : je me mets à genoux devant lui et je dis que c’est un dieu aussi, voilà.

Comment vous arrivez à gérer la médiatisation ? Enfin parfois vous pouvez avoir envie de vous balader dans la rue, d’être tranquille, ou simplement de mauvais poil, ou fatigué ; et il y toujours des gens pour venir vous sauter dessus…

Franchement quand tu fais ce métier, il faut que tu assumes entièrement tout ça. Moi ça ne me dérange pas que les gens viennent me voir, pas une seconde. Même si je suis avec une nana, ou quoi que ce soit, je suis là pour eux tout le temps. Je suis un personnage public, j’appartiens au public.

Une question que se posent pas mal de petits curieux : que faites vous dans les loges avant un concert ? Vous avez des petits rituels ?

Bah ouais, on fait de la magie noire !!! (rires) Non, on fait des étirements, on s’échauffe, je fais des vocalises… Quand t’as plus de 25 ans, il faut faire gaffe à ta santé quand même… Enfin pour pas dire « plus de 30 ans », quoi !

Pourquoi vous ne faites pas des chansons comme Fun at all ou X-mass  sur scène ? A mon sens, il y toute une facette de Watcha qui est absente des live…

On est cinq à décider, moi je suis pour jouer les anciens morceaux, eux un peu moins. Donc t’as beau lutter, si ils veulent pas jouer, ils veulent pas jouer ! Moi personnellement, je changerais de setlist à chaque concert, si ça ne tenait qu’à moi ; mais ce n’est pas le cas… Mais il faut tenir compte des accordages de guitare, et il y a des morceaux qu’ils n’aiment pas. J’aime tous les morceaux de Watcha sauf un, d’ailleurs je n’ai pas chanté dessus : Mesaidaboom, du premier album), que je trouve à chier. Je ne l’aime pas, je ne l’assume pas du tout, c’est pour ça que je leur ai dit de trouver d’autres chanteurs et ils l’ont fait. Ils m’ont forcé à faire des cris, mais je n’y ai vraiment pas mis de cœur. Sinon, j’adore tous les morceaux de Watcha, tous !

Tu sais, quand je street-teame, je croise souvent des gens qui grognent « roh Watcha c’est pourri : le 3e il est pourri », et pour la plupart ce qu’ils regrettent c’est la brutalité et la spontanéité du 1er (et font apparemment moins attention à la qualité des textes)…

C’est toujours comme ça, ils ne sont jamais contents : il y en a toujours qui préfèrent le 1er, d’autres ceci, d’autres cela ; donc on n’écoute personne et on se fait plaisir !
Mais c’est vrai que les textes du 3e sont mieux que ceux du 1er, je suis entièrement d’accord. Ils étaient plus vagues, À qui la faute, par exemple est un peu vague. Il fait un peu « pseudo-révolutionnaire à deux balles », et je l’avoue, j’en suis moyennement fier…

Sans transition, qu’avez-vous pensé de l’accueil réunionnais ?

C’était génial ! J’ai halluciné de voir qu’il y a du monde qui écoute du metal à La Réunion, parce que nous on imagine plutôt tout ce qui est musiques zouk-reggae, ce qui est tout à fait le cas en fait ! Mais de voir qu’il y a quand même du public metal, ça nous a vraiment fait chaud au cœur ; et à Madagascar pareil. On s’attendait à voir des p’tits fils de bourgeois blancs venir au concert, et en fait il n’y avait que des Noirs ; il y avait peut-être 10 Blancs, sur 1000 personnes…
Par contre, ce qui m’a choqué, c’est que dans la presse il y a un connard qui a photographié un gamin avec un bracelet clouté et qui a marqué « c’est dangereux, il faudrait interdire ce genre de trucs » ! Ils sont encore dans les clichés moyenâgeux « Hard rock = satanisme »…
Mais sinon c’était génial, franchement on aimerait bien y retourner ; mais cette fois on fera gaffe à ne pas se brosser les dents avec l’eau du robinet, parce qu’on a chopé quelques bonnes turistas !!!

Et du côté des structures qui vous ont invités ?

Bah c’était mortel ! Le Bato Fou, le Palaxa, Mada… On a été accueillis comme des rois ! Tout ça grâce à Yelen quand même, je tiens à le préciser, on ne les remerciera jamais assez pour ce qu’ils ont fait pour nous. On remercie aussi le mec du Bato Fou, Pierre Macquart, et on aimerait bien rejouer là-bas...

(Question de Chris) Pourquoi selon vous ne voit-on jamais des Ricains partager leur scène avec des françai sà part des artistes moins connus comme Bumblefoot ?

Je pense que ça vient du fait que pour jouer avec des groupes ricains connus, il faut que tu payes. Tu veux jouer avec Korn ? Tu vas payer. Slipknot ? Tu vas payer. Tu peux jouer avec n’importe quel groupe américain mais tu vas payer.
Il y a aussi et des groupes qui imposent leur première partie, ils ne veulent personne d’autre, pour une question de backline etc.
Soit tu payes, comme l’ont fait plusieurs groupes, soit tu joues pas : c’est aussi simple que ça !

Que penses-tu de la vague de « vulgarisation » (ce terme n’engage que moi) représentée par The Rasmus, Avril Lavigne, Evanescence… ?

Franchement je trouve ça assez médiocre dans l’ensemble, mais si ça peut ouvrir les portes du rock à de la presse et de la télé plus généralistes, pourquoi pas ? Par exemple, Kyo : ils vendent 1 million d’exemplaires en France, ce qui est énorme ; nous on ne fera jamais ça de notre vie. Ca peut permettre à des gens qui ne connaissent pas le rock de s’ouvrir un petit peu, de voir autre chose, et de découvrir des bons groupes. L’important c’est que les gens s’ouvrent ; la culture française est tellement variétoche que je préfère qu’il y ait des groupes comme Kyo ou Evanescence qui marchent que des groupes comme le groupe roumain, là !!! (O zone !!! mdrrrr)

Si je te dis « Linkin Park » ?

La première fois que j’ai écouté, j’ai trouvé ça pas mal ; j’ai accroché du premier coup mais je me suis lassé au bout de dix écoutes. Pour moi c’est un groupe de rock « jetable » ; on est dans l’ère de tout ce qui est jetable, moi ce groupe je le consomme et je le jette. Voilà !

Moi ça m’a fait le même effet ; pour leur 1er album Linkin Park tu sens qu’ils avaient des moyens derrière, c’est sympa au début, mais tu t’en lasses vite… Tu vois « Mutant », ça fait 1 an que je l’écoute maintenant, et je ne m’en suis toujours pas lassée !

C’est très bien, c’est ce qu’on voulait !

Quel effet ça te fait de voir qu’il y a des groupes qui ont plus de succès que vous alors qu’ils sont arrivés après, qu’ils ont moins de mal à se faire une place dans le paysage audiovisuel (comme Pleymo par exemple) ?

Tant mieux pour eux, tout le monde sait qu’on était les premiers dans le style ! On n’est pas envieux, on n’est pas jaloux. Si des groupes réussissent mieux que nous c’est qu’il y a une raison, c’est que les gens préfèrent ; peut-être qu’on n’est pas aussi bons qu’on veut le croire, c’est tout ! Peut-être que les gens préfèrent les trucs beaucoup plus simples que les trucs plus complexes, ce que je comprends… Moi ça me fait chier le jazz, parce que c’est trop complexe ; je préfère un truc plus simple ! Je comprends que les Watcha fassent chier un petit peu ; il y a un côté trop technique, trop « pseudo-intello », donc je comprends que ça soule les gens. C’est comme les films style « Art et Essai » ; tu vois un truc comme Independance Day ça cartonne plus qu’un film d’art et d’essai super chiadé. Pourtant, dans le truc chiadé il y a plus de recherche… Disons que les gens préfèrent en fait un truc où ils peuvent se dire « moi j’arrive à le faire aussi » ; alors que j’ai pas entendu des groupes qui font des reprises de Watcha, ou dans le même style. C’est quand même assez complexe, et les groupes de rock préfèrent reprendre du Kyo, du Pleymo, c’est plus facile ; donc les gens s’en sentent plus proches.

Mais de voir Pleymo tourner au Japon, avec Korn (et Evanescence !), ça doit quand même te dégoûter un peu…

Bah ouais, on aimerait bien faire ça ! Mais nous on a tourné à la Réunion, à Madagascar… On était le premier groupe de metal au monde à jouer à Madagascar, aussi ; on est super contents de ça. Là on va sûrement partir en Yougoslavie pour un festival, du 1er au 4 juillet, avec Cypress Hill, Massive Attack… Nous, on est vachement « world », on va dire !!! (rires)
Mais on est contents pour eux, et j’espère qu’on va jouer aussi au Japon ; moi j’adore le Japon, la culture japonaise… Je parle un petit peu japonais, j’ai appris tout seul… Je me sens vraiment proche du Japon.

En plus, vous avez fait l’Olympia avant eux !!!

(Il sourit) On est le premier groupe de metal à faire l’Olympia aussi…

Sur le site du Domaine Veliki, vous parlez de votre désir « d’envahir » les Etats-Unis… Ca avance ?

On ne peut rien faire vu qu’on n’a pas de distribution aux Etats-Unis ; l’invasion c’est pas pour maintenant !

Comment va se manifester l’évolution sonore au sein du 4e album ?

On va être beaucoup plus roots, on va essayer d’être moins précis dans la production ; c’est ce qu’on pourrait nous reprocher dans le 3e, qui est vachement chirurgical, net, précis. On va un peu épurer, on va faire une guitare chacun, une seule voix au lieu d’être doublé, fini les chœurs style « 10 000 chœurs »… On va un peu laisser les défauts. Les quatre morceaux qu’on a sont « Alice In Chains rencontre Watcha », si je peux dire ! C’est assez sombre, mais en même temps assez accessible, et en même temps très technique. Ca reste quand même du Watcha, mais un peu différent, il y a un côté beaucoup plus « Seattle » dans les compos. C’est un peu plus « chansons », mais très sombre, même les textes. C’est encore un nouveau Watcha !
Par rapport aux autres albums où j’étais plus narratif, là les textes sont beaucoup plus personnels, je parle un petit peu de moi… Je trouve que j’ai pas encore abordé ce sujet ; j’ai encore jamais parlé de mes sentiments ; et c’est un peu dommage je trouve, dans une carrière, de ne pas parler de ce qu’on ressent au plus profond de soi. Je serai plus intimiste, on va dire… « A la Aqme », si tu préfères ! (rires) Mais mieux chanté !!!
Mais bon, cela dit, c’est bien d’exprimer un peu ses sentiments ! C’est pas parce que t’es un métalleux que tu vas pas en parler. J’ai des sentiments aussi, des déceptions, donc je veux en parler un petit peu. C’est aussi une volonté du groupe que je fasse des trucs comme ça.

C’est un concept de se réinventer à chaque album, de faire à chaque fois un truc nouveau ?

Non, on ne se dit pas ça, on le fait instinctivement. On ne se pose pas de questions, on n’a pas un planning qui dit « on va faire un morceau à la Evanescence, un comme Machin, etc… ». On fait les morceaux, peu importe qu’ils soient cool ou brutaux, il faut qu’on kiffe. Moi je ne fais aucune chanson sans sincérité, sinon ça sonnera faux !

Tu peux nous parler plus en détail des nouvelles compos ?

Elles sont très très sombres, très mélancoliques, mais avec la touche Watcha

Donc il y a un petit coté technique. Il y a toujours une lueur d’espoir dans la déprime. Il y a un morceau quand même assez jump je l’avoue, vachement teenage, mais on l’adore ! Celui-là pour moi c’est le morceau phare de l’album, il déchire ! Moi j’imagine carrément qu’on la fosse en train de faire des bonds, et pourtant le texte est vraiment sombre… C’est un mec qui n’est pas sûr de lui, qui a peur de parler de ses sentiments, qui reste introverti, qui n’ose pas parler à la personne qu’il aime, en fait ! Le texte est vachement sombre, mais la musique est ultra « californienne » disons.

On t’a souvent entendu chanter « Minou » à la Réunion, ça sera sur l’album ?

Ah ! Il y a des grandes chances que le titre « Minou Minou »… En fait c’est un délire qu’on a ; il y a certains artistes de chanson française qui nous font bien rire, qui font des tranches de vie, et donc on a inventé une chanson qui s’appelle « Minou, minou minou », et sui sera peut-être en piste cachée de l’album, pour rigoler… Style un peu les chansons avec accordéon, guitare manouche, tu vois ce que je veux dire ? (Il chante) « Le p’tit chat de la Villette-eu, se promène, nin nin nin !!! » tu vois ?!! C’est un truc dans ce style… On fait que des trucs pour le fun ; et comme c’est assez fun, on va sûrement le faire.

Comment vois-tu ton avenir avec Watcha ?

Je ne sais pas, faire encore des albums, peut-être un ou deux, et puis peut-être qu’on s’arrêtera, qu’on fera autre chose, d’autres projets… Moi j’aimerais bien par exemple qu’on fasse encore deux albums et qu’on dise à la presse au niveau national « On arrête Watcha-rock », et qu’on fasse un projet qui n’ait rien à voir avec le rock ; style punk ou soul… Moi ça me plairait de faire un truc comme ça… Ou carrément dire « voilà, on fait pas de metal, on fait du trip hop maintenant. Alors le public, ne vous attendez pas à ce qu’il y ait du metal, on fait du trip hop ! »
On n’est pas QUE des métalleux, on aimerait bien s’exprimer sans d’autres styles ; c’est pour ça que j’aimerais bien continuer Watcha, mais dans un autre genre. Quitte à perdre du public, c’est pas grave ! En plus, je vais te dire, on a plus de 30 ans, on ne va pas faire du metal toute notre vie…

Si le groupe venait à disparaître, quel souvenir voudrais-tu que les gens en gardent ?

Qu’on est des bêtes de scène !

Bon ! Bin c’est fini ! Tu peux me rappeler votre actu ?

Enregistrement du 4e album de Watcha, DVD en cours…
Il va y avoir un 2 fois 26 minutes sur Mcm sur la Réunion-Madagascar bientôt…
On a encore quelques festivals, et puis peut-être la Yougoslavie du 1er au 4 juillet… Et on sera de retour pour le 4 album !


Par la suite, j’aurai l’occasion d’entendre par la bouche de Bob les textes des compos déjà prêtes, qui sont plutôt différents de ce à quoi Bob nous a habitués, plutôt introspectifs, mais toujours aussi bien écrits, et pas clichés… Mais certains ne se trouveront finalement pas sur le 4e album !
Quant à « Minou », elle en sera absente également.
La prochaine interview aura lieu avec Fred ; si vous avez des question à lui poser, envoyez les moi par MP sur le forum !

Jennamy